Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/272

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NICOLE.

Quoi ?

MONSIEUR JOURDAIN.

Dis un peu U, pour voir.

NICOLE.

Hé bien ! U.

MONSIEUR JOURDAIN.

Qu’est-ce que tu fais ?

NICOLE.

Je dis U.

MONSIEUR JOURDAIN.

Oui ; mais quand tu dis U, qu’est-ce que tu fais ?

NICOLE.

Je fais ce que vous me dites.

MONSIEUR JOURDAIN.

Oh ! l’étrange chose que d’avoir affaire à des bêtes ! Tu allonges les lèvres en dehors, et approches la mâchoire d’en haut de celle d’en bas ; U, vois-tu ? Je fais la moue : U.

NICOLE.

Oui, cela est biau.

MADAME JOURDAIN.

Voilà qui est admirable !

MONSIEUR JOURDAIN.

C’est bien autre chose, si vous aviez vu O, et DA, DA, et FA, FA !

MADAME JOURDAIN.

Qu’est-ce que c’est donc que tout ce galimatias-là ?

NICOLE.

De quoi est-ce que tout cela guérit ?

MONSIEUR JOURDAIN.

J’enrage quand je vois des femmes ignorantes.

MADAME JOURDAIN.

Allez, vous devriez envoyer promener tous ces gens-là, avec leurs fariboles.

NICOLE.

Et surtout ce grand escogriffe de maître d’armes, qui remplit de poudre tout mon ménage.

MONSIEUR JOURDAIN.

Ouais ! ce maître d’armes vous tient au cœur ! Je te veux faire voir ton impertinence tout à l’heure. (Après avoir fait apporter des fleurets, et en avoir donné un à Nicole.) Tiens, raison dé-