Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/367

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630 Seigneur, une douceur ici vous est offerte:
Votre hymen a reçu plus d'un présent des Dieux,
Et par une faveur ouverte
Ils ne vous ôtent rien en m'ôtant à vos yeux,
Dont ils n'aient pris le soin de réparer la perte.
635 Il vous reste de quoi consoler vos douleurs,
Et cette loi du Ciel que vous nommez cruelle
Dans les deux princesses mes sœurs,
Laisse à l'amitié paternelle
Où placer toutes ses douceurs.

LE ROI
640 Ah, de mes maux soulagement frivole!
Rien, rien ne s'offre à moi qui de toi me console;
C'est sur mes déplaisirs que j'ai les yeux ouverts,
Et dans un destin si funeste
Je regarde ce que je perds,
645 Et ne vois point ce qui me reste.

PSYCHÉ
Vous savez mieux que moi qu'aux volontés des Dieux,
Seigneur, il faut régler les nôtres,
Et je ne puis vous dire en ces tristes adieux
Que ce que beaucoup mieux vous pouvez dire aux autres.
650 Ces Dieux sont maîtres souverains
Des présents qu'ils daignent nous faire;
Ils ne les laissent dans nos mains
Qu'autant de temps qu'il peut leur plaire.
Lorsqu'ils viennent les retirer,
655 On n'a nul droit de murmurer
Des grâces que leur main ne veut plus nous étendre;
Seigneur, je suis un don qu'ils ont fait à vos vœux,
Et quand par cet arrêt ils veulent me reprendre,
Ils ne vous ôtent rien que vous ne teniez d'eux,
660 Et c'est sans murmurer que vous devez me rendre.

LE ROI
Ah, cherche un meilleur fondement
Aux consolations que ton cœur me présente,
Et de la fausseté de ce raisonnement
Ne fais point un accablement
665 À cette douleur si cuisante,
Dont je souffre ici le tourment.