Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/382

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C'est le langage le plus doux,
1120 C'est le plus fort, c'est le plus sûr de tous.

PSYCHÉ
L'intelligence en était due
À nos cœurs, pour les rendre également contents:
J'ai soupiré, vous m'avez entendue;
Vous soupirez, je vous entends.
1125 Mais ne me laissez plus en doute,
Seigneur, et dites-moi si par la même route
Après moi le Zéphire ici vous a rendu
Pour me dire ce que j'écoute.
Quand j'y suis arrivée, étiez-vous attendu?
1130 Et quand vous lui parlez, êtes-vous entendu?

L'AMOUR
J'ai dans ce doux climat un souverain empire,
Comme vous l'avez sur mon cœur:
L'amour m'est favorable, et c'est en sa faveur
Qu'à mes ordres Æole a soumis le Zéphire.
1135 C'est l'amour qui pour voir mes feux récompensés
Lui-même a dicté cet oracle,
Par qui vos beaux jours menacés
D'une foule d'amants se sont débarrassés,
Et qui m'a délivré de l'éternel obstacle
1140 De tant de soupirs empressés,
Qui ne méritaient pas de vous être adressés.
Ne me demandez point quelle est cette province,
Ni le nom de son prince,
Vous le saurez quand il en sera temps:
1145 Je veux vous acquérir, mais c'est par mes services,
Par des soins assidus, et par des vœux constants,
Par les amoureux sacrifices
De tout ce que je suis,
De tout ce que je puis,
1150 Sans que l'éclat du rang pour moi vous sollicite,
Sans que de mon pouvoir je me fasse un mérite,
Et bien que souverain dans cet heureux séjour,
Je ne vous veux, Psyché, devoir qu'à mon amour.
Venez en admirer avec moi les merveilles,
1155 Princesse, et préparez vos yeux et vos oreilles
À ce qu'il a d'enchantements.
Vous y verrez des bois et des prairies