Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/39

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elle un pouvoir absolu. (À Élise.) Oui, tu as beau fuir, je lui donne l’autorité que le ciel me donne sur toi, et j’entends que tu fasses tout ce qu’il te dira.

Valère, à Élise.

Après cela, résistez à mes remontrances.


Scène X.

HARPAGON, VALÈRE.
Valère

Monsieur, je vais la suivre, pour continuer les leçons que je lui faisois.

Harpagon

Oui, tu m’obligeras. Certes…

Valère

Il est bon de lui tenir un peu la bride haute.

Harpagon

Cela est vrai. Il faut…

Valère

Ne vous mettez pas en peine, je crois que j’en viendrai à bout.

Harpagon

Fais, fais. Je m’en vais faire un petit tour en ville, et reviens tout à l’heure.

Valère, adressant la parole à Élise, en s’en allant du côté par où elle est sortie.

Oui, l’argent est plus précieux que toutes les choses du monde, et vous devez rendre grâce au ciel, de l’honnête homme de père qu’il vous a donné. Il sait ce que c’est que de vivre. Lorsqu’on s’offre de prendre une fille sans dot, on ne doit point regarder plus avant. Tout est renfermé là-dedans ; et sans dot tient lieu de beauté, de jeunesse, de naissance, d’honneur, de sagesse, et de probité.

Harpagon

Ah ! le brave garçon ! Voilà parlé comme un oracle. Heureux qui peut avoir un domestique de la sorte !

FIN DU PREMIER ACTE.