Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/41

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Cléante.

L’affaire ne se fera point ?

La Flèche

Pardonnez-moi. Notre maître Simon, le courtier qu’on nous a donné, homme agissant et plein de zèle, dit qu’il a fait rage pour vous, et il assure que votre seule physionomie lui a gagné le cœur.

Cléante

J’aurai les quinze mille francs que je demande ?

La Flèche

Oui ; mais à quelques petites conditions qu’il faudra que vous acceptiez, si vous avez dessein que les choses se fassent.

Cléante

T’a-t-il fait parler à celui qui doit prêter l’argent ?

La Flèche

Ah ! vraiment, cela ne va pas de la sorte. Il apporte encore plus de soin à se cacher que vous, et ce sont des mystères bien plus grands que vous ne pensez. On ne veut point du tout dire son nom ; et l’on doit aujourd’hui l’aboucher avec vous dans une maison empruntée, pour être instruit par votre bouche de votre bien et de votre famille ; et je ne doute point que le seul nom de votre père ne rende les choses faciles.

Cléante

Et principalement notre mère étant morte, dont on ne peut m’ôter le bien[1].

La Flèche

Voici quelques articles qu’il a dictés lui-même à notre entremetteur, pour vous être montrés avant que de rien faire.

« Supposé que le prêteur voie toutes ses sûretés, et que l’emprunteur soit majeur, et d’une famille où le bien soit ample, solide, assuré, clair, et net de tout embarras, on fera une bonne et exacte obligation par-devant un notaire, le plus honnête homme qu’il se pourra, et qui, pour cet effet sera choisi par le prêteur, auquel il importe le plus que l’acte soit dûment dressé. »

Cléante

Il n’y a rien à dire à cela.

  1. Var. Et principalement notre mère étant morte, etc.