Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/43

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Cléante.

Que veut dire cela ?

La Flèche

Ecoutez le mémoire

« Premièrement, un lit de quatre pieds à bandes de point de Hongrie, appliquées fort proprement sur un drap de couleur d’olive, avec six chaises et la courte-pointe de même : le tout bien conditionné, et doublé d’un petit taffetas changeant rouge et bleu.

» Plus, un pavillon à queue, d’une bonne serge d’Aumale rose sèche, avec le mollet et les franges de soie. »

Cléante

Que veut-il que je fasse de cela ?

La Flèche

Attendez.

« Plus une tenture de tapisserie des amours de Gombaud et de Macée.

» Plus, une grande table de bois de noyer, à douze colonnes ou piliers tournés, qui se tire par les deux bouts, et garnie, par le dessous, de ses six escabelles[1]. »

Cléante

Qu’ai-je affaire, morbleu… ?

La Flèche

Donnez-vous patience.

« Plus trois gros mousquets tout garnis de nacre de perle, avec les trois fourchettes assortissantes[2].

» Plus un fourneau de brique, avec deux cornues et trois récipients, fort utiles à ceux qui sont curieux de distiller. »

Cléante

J’enrage !

La Flèche

Doucement.

« Plus, un luth de Bologne, garni de toutes ses cordes, ou peu s’en faut.

» Plus, un trou-madame et un damier, avec un jeu de l’oie, renouvelé des Grecs, fort propres à passer le temps lorsque l’on n’a que faire.

  1. Var. Et garnie, par le dessous, de ses excabelles.
  2. Bâton terminé d’un bout par une pointe qu’on enfonçoit en terre, et de l’autre, par un fer fourchu sur lequel on appuyoit le mousquet.