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Acte II, scène I.

jouer un personnage dont j’ai besoin. Attends. Tiens-toi un peu. Enfonce ton bonnet en méchant garçon. Campe-toi sur un pied. Mets la main au côté. Fais les yeux furibonds. Marche un peu en roi de théâtre. Voilà qui est bien. Suis-moi. J’ai des secrets pour déguiser ton visage et ta voix.

Sylvestre.

Je te conjure, au moins, de ne m’aller point brouiller avec la justice.

Scapin.

Va, va, nous partagerons les périls en frères ; et trois ans de galère de plus ou de moins, ne sont pas pour arrêter un noble cœur.


Fin du premier acte.


ACTE SECOND.



Scène I.

GÉRONTE, ARGANTE.
Géronte.

Oui, sans doute, par le temps qu’il fait, nous aurons ici nos gens aujourd’hui ; et un matelot qui vient de Tarente m’a assuré qu’il avoit vu mon homme qui étoit près de s’embarquer. Mais l’arrivée de ma fille trouvera les choses mal disposées à ce que nous nous proposions ; et ce que vous venez de m’apprendre de votre fils rompt étrangement les mesures que nous avions prises ensemble.

Argante.

Ne vous mettez pas en peine ; je vous réponds de renverser tout cet obstacle, et j’y vais travailler de ce pas.

Géronte.

Ma foi, seigneur Argante, voulez-vous que je vous dise ? l’éducation des enfants est une chose à quoi il faut s’attacher fortement.

Argante.

Sans doute. À quel propos cela ?