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Les Fourberies de Scapin.


Scène IX.

ARGANTE, SCAPIN, SYLVESTRE, déguisé en spadassin.
Sylvestre.

Scapin, faites-moi connoître un peu cet Argante qui est père d’Octave.

Scapin.

Pourquoi, Monsieur ?

Sylvestre.

Je viens d’apprendre qu’il veut me mettre en procès, et faire rompre par justice le mariage de ma sœur.

Scapin.

Je ne sais pas s’il a cette pensée ; mais il ne veut point consentir aux deux cents pistoles que vous voulez ; et il dit que c’est trop.

Sylvestre.

Par la mort ! par la tête ! par le ventre ! si je le trouve, je le veux échiner, dussé-je être roué tout vif.

(Argante, pour n’être point vu, se tient en tremblant derrière Scapin.)
Scapin.

Monsieur, ce père d’Octave a du cœur, et peut-être ne vous craindra-t-il point.

Sylvestre.

Lui, lui ? Par le sang ! par la tête ! s’il était là, je lui donnerais tout à l’heure de l’épée dans le ventre. (Apercevant Argante.) Qui est cet homme-là ?

Scapin.

Ce n’est pas lui, monsieur ; ce n’est pas lui.

Sylvestre.

N’est-ce point quelqu’un de ses amis ?

Scapin.

Non, monsieur ; au contraire, c’est son ennemi capital.

Sylvestre.

Son ennemi capital ?

Scapin.

Oui.

Sylvestre.

Ah ! parbleu, j’en suis ravi. (À Argante.) Vous êtes ennemi, Monsieur, de ce faquin d’Argante ? Hé ?

Scapin.

Oui, oui ; je vous en réponds.