Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/480

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
470
Les Fourberies de Scapin.

dont je faisois toute ma consolation ; et je viens d’apprendre de mon homme qu’elle est partie il y a longtemps de Tarente, et qu’on y croit qu’elle a péri dans le vaisseau où elle s’embarqua.

Argante.

Mais pourquoi, s’il vous plaît, la tenir à Tarente, et ne vous être pas donné la joie de l’avoir avec vous ?

Géronte.

J’ai eu mes raisons pour cela ; et des intérêts de famille m’ont obligé jusques ici à tenir fort secret ce second mariage. Mais que vois-je ?


Scène VIII.

ARGANTE, GÉRONTE, NÉRINE, SYLVESTRE.
Géronte.

Ah ! te voilà, nourrice ?

Nérine, se jetant aux genoux de Géronte.

Ah ! seigneur Pandolphe, que…

Géronte.

Appelle-moi Géronte, et ne te sers plus de ce nom. Les raisons ont cessé qui m’avaient obligé à le prendre parmi vous à Tarente.

Nérine.

Las ! que ce changement de nom nous a causé de troubles et d’inquiétudes dans les soins que nous avons pris de vous venir chercher ici !

Géronte.

Où est ma fille, et sa mère ?

Nérine.

Votre fille, Monsieur, n’est pas loin d’ici, mais, avant que de vous la faire voir, il faut que je vous demande pardon de l’avoir mariée, dans l’abandonnement où, faute de vous rencontrer, je me suis trouvée avec elle.

Géronte.

Ma fille mariée ?

Nérine.

Oui, Monsieur.

Géronte.

Et avec qui ?

Nérine.

Avec un jeune homme nommé Octave, fils d’un certain seigneur Argante.