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Acte III, scène XII.

à côté d’Hyacinte.) Oui. Vous avez beau faire ; la voilà, celle à qui ma foi est engagée. Je l’aimerai toute ma vie, et je ne veux point d’autre femme.

Argante.

Hé bien ! c’est elle qu’on te donne. Quel diable d’étourdi, qui suit toujours sa pointe !

Hyacinte, montrant Géronte.

Oui, Octave, voilà mon père que j’ai trouvé ; et nous nous voyons hors de peine.

Géronte.

Allons chez moi ; nous serons mieux qu’ici pour nous entretenir.

Hyacinte, montrant Zerbinette.

Ah ! mon père, je vous demande, par grâce, que je ne sois point séparée de l’aimable personne que vous voyez. Elle a un mérite qui vous fera concevoir de l’estime pour elle, quand il sera connu de vous.

Géronte.

Tu veux que je tienne chez moi une personne qui est aimée de ton frère, et qui m’a dit tantôt au nez mille sottises de moi-même !

Zerbinette.

Monsieur, je vous prie de m’excuser. Je n’aurois pas parlé de la sorte, si j’avais su que c’était vous, et je ne vous connoissois que de réputation.

Géronte.

Comment ! que de réputation ?

Hyacinte.

Mon père, la passion que mon frère a pour elle n’a rien de criminel, et je réponds de sa vertu.

Géronte.

Voilà qui est fort bien. Ne voudrait-on point que je mariasse mon fils avec elle ? Une fille inconnue, qui fait le métier de coureuse !


Scène XII.

ARGANTE, GÉRONTE, LÉANDRE, OCTAVE, HYACINTE, ZERBINETTE, NÉRINE, SYLVESTRE.
Léandre.

Mon père, ne vous plaignez point que j’aime une inconnue, sans naissance et sans bien. Ceux de qui je l’ai rachetée viennent de me découvrir qu’elle est de cette ville, et