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ACTE II, SCÈNE IX.


Philaminte.
Quelle bassesse, ô ciel ! et d’ame et de langage !

Bélise.
Est-il de petits corps un plus lourd assemblage,
Un esprit composé d’atomes plus bourgeois ?
Et de ce même sang se peut-il que je sois ?
Je me veux mal de mort d’être de votre race ;
Et, de confusion, j’abandonne la place.


Scène VIII.

Philaminte, Chrysale.


Philaminte.
Avez-vous à lâcher encore quelque trait ?

Chrysale.
Moi ? Non. Ne parlons plus de querelle ; c’est fait.
Discourons d’autre affaire. À votre fille aînée
On voit quelque dégoût pour les nœuds d’hyménée ;
C’est une philosophe enfin, je n’en dis rien ;
Elle est bien gouvernée, et vous faites fort bien :
Mais de toute autre humeur se trouve sa cadette ;
Et je crois qu’il est bon de pourvoir Henriette,
De choisir un mari…

Philaminte.
De choisir un mari… C’est à quoi j’ai songé,
Et je veux vous ouvrir l’intention que j’ai.
Ce Monsieur Trissotin, dont on nous fait un crime,
Et qui n’a pas l’honneur d’être dans votre estime,
Est celui que je prends pour l’époux qu’il lui faut ;
Et je sais mieux que vous juger de ce qu’il vaut.
La contestation est ici superflue ;
Et de tout point chez moi l’affaire est résolue.
Au moins ne dites mot du choix de cet époux ;
Je veux à votre fille en parler avant vous.
J’ai des raisons à faire approuver ma conduite,
Et je connoitrai bien si vous l’aurez instruite.



Scène IX.

Ariste, Chrysale.

Ariste.
Hé bien ! la femme sort, mon frère, et je vois bien
Que vous venez d’avoir ensemble un entretien.