Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/56

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où elle étoit à m’entendre parler de vous. (Harpagon reprend son air gai.) La joie éclatoit dans ses yeux au récit de vos qualités, et je l’ai mise enfin dans une impatience extrême de voir ce mariage entièrement conclu.

Harpagon

Tu m’as fait grand plaisir, Frosine ; et je t’en ai, je te l’avoue, toutes les obligations du monde.

Frosine

Je vous prie, Monsieur, de me donner le petit secours que je vous demande. (Harpagon reprend encore un air sérieux.) Cela me remettra sur pied, et je vous en serai éternellement obligée.

Harpagon

Adieu. Je vais achever mes dépêches.

Frosine

Je vous assure, Monsieur, que vous ne sauriez jamais me soulager dans un plus grand besoin.

Harpagon

Je mettrai ordre que mon carrosse soit tout prêt pour vous mener à la foire.

Frosine

Je ne vous importunerois pas si je ne m’y voyois forcée par la nécessité.

Harpagon

Et j’aurai soin qu’on soupe de bonne heure, pour ne vous point faire malades.

Frosine

Ne me refusez pas la grâce dont je vous sollicite. Vous ne sauriez croire, Monsieur, le plaisir que…

Harpagon

Je m’en vais. Voilà qu’on m’appelle. Jusqu’à tantôt.

Frosine, seule.

Que la fièvre te serre, chien de vilain, à tous les diables ! Le ladre a été ferme à toutes mes attaques ; mais il ne me faut pas pourtant quitter la négociation ; et j’ai l’autre côté, en tout cas, d’où je suis assurée de tirer bonne récompense.

FIN DU SECOND ACTE.