Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/609

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angélique.

Et qu’il fit tout cela de la meilleure grace du monde ?

toinette.

Oh ! oui.

angélique.

Ne trouves-tu pas, Toinette, qu’il est bien fait de sa personne ?

toinette.

Assurément.

angélique.

Qu’il a l’air le meilleur du monde ?

toinette.

Sans doute.

angélique.

Que ses discours, comme ses actions, ont quelque chose de noble ?

toinette.

Cela est sûr.

angélique.

Qu’on ne peut rien entendre de plus passionné que tout ce qu’il me dit ?

toinette.

Il est vrai.

angélique.

Et qu’il n’est rien de plus fâcheux que la contrainte où l’on me tient, qui bouche tout commerce aux doux empressements de cette mutuelle ardeur que le ciel nous inspire ?

toinette.

Vous avez raison.

angélique.

Mais, ma pauvre Toinette, crois-tu qu’il m’aime autant qu’il me le dit ?

toinette.

Hé ! hé ! ces choses-là parfois sont un peu sujettes à caution. Les grimaces d’amour ressemblent fort à la vérité ; et j’ai vu de grands comédiens là-dessus.

angélique.

Ah ! Toinette, que dis-tu là ? Hélas ! de la façon qu’il parle, seroit-il bien possible qu’il ne me dît pas vrai ?

toinette.

En tout cas, vous en serez bientôt éclaircie ; et la résolu-