Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/631

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les violons.
polichinelle, de même.

La, la, la, la, la, la.

les violons.
polichinelle.

Par ma foi, cela me divertit. Poursuivez, messieurs les violons ; vous me ferez plaisir. (N’entendant plus rien.) Allons donc, continuez, je vous en prie.


Scène IV.

POLICHINELLE, seul.

Voilà le moyen de les faire taire. La musique est accoutumée à ne point faire ce qu’on veut[1]. Oh sus, à nous. Avant que de chanter, il faut que je prélude un peu, et joue quelque pièce, afin de mieux prendre mon ton. (Il prend son luth, dont il fait semblant de jouer, en imitant avec les lèvres et la langue le son de cet instrument.) Plan, plan, plan, plin, plin, plin. Voilà un temps fâcheux pour mettre un luth d’accord. Plin, plin, plin. Plin, tan, plan. Plin, plan. Les cordes ne tiennent point par ce temps-là. Plin, plin. J’entends du bruit. Mettons mon luth contre la porte.


Scène V.

POLICHINELLE ; ARCHERS, passant dans la rue, et accourant au bruit qu’ils entendent.
un archer, chantant.

Qui va là ? qui va là ?

polichinelle, bas.

Qui diable est-ce là ? Est-ce que c’est la mode de parler en musique ?

l’archer.

Qui va là ? qui va là ? qui va là ?

polichinelle, épouvanté.

Moi, moi, moi.

l’archer.

Qui va là ? qui va là ? vous dis-je.

polichinelle.

Moi, moi, vous dis-je.

  1.     « Omnibus hoc vitium est cantoribus, inter amicos
        Ut nunquam inducant animum cantare rogati ;
        Injussi nunquam desistant.
     » (Horace.)