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Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/640

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Scène IV.

ARGAN, ANGÉLIQUE, CLÉANTE.
argan.

Venez, ma fille. Votre maître de musique est allé aux champs ; et voilà une personne qu’il envoie à sa place pour vous montrer.

angélique, reconnoissant Cléante.

Ah ciel !

argan.

Qu’est-ce ? D’où vient cette surprise ?

angélique.

C’est…

argan.

Quoi ! qui vous émeut de la sorte ?

angélique.

C’est, mon père, une aventure surprenante qui se rencontre ici.

argan.

Comment ?

angélique.

J’ai songé cette nuit que j’étois dans le plus grand embarras du monde, et qu’une personne, faite tout comme monsieur, s’est présentée à moi, à qui j’ai demandé secours, et qui m’est venue tirer de la peine où j’étois ; et ma surprise a été grande de voir inopinément, en arrivant ici, ce que j’ai eu dans l’idée toute la nuit.

cléante.

Ce n’est pas être malheureux que d’occuper votre pensée, soit en dormant, soit en veillant ; et mon bonheur seroit grand sans doute, si vous étiez dans quelque peine dont vous me jugeassiez digne de vous tirer, et il n’y a rien que je ne fisse pour…


Scène V.

ARGAN, ANGÉLIQUE, CLÉANTE, TOINETTE.
toinette, à Argan.

Ma foi, monsieur, je suis pour vous maintenant ; et je me dédis de tout ce que je disois hier. Voici monsieur Diafoirus le père et monsieur Diafoirus le fils, qui viennent vous rendre visite. Que vous serez bien engendré[1] ! Vous allez

  1. Être engendré, pour avoir un gendre. Molière s’est déjà servi du mot engendré dans l’Étourdi, acte II, scène VI.