Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/712

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LA GLOIRE[1]
DU
DÔME DU VAL-DE-GRÂCE.
1669.

Digne fruit de vingt ans de travaux somptueux,
Auguste bâtiment, temple majestueux,
Dont le dôme superbe, élevé dans la nue,
Pare du grand Paris la magnifique vue,
Et, parmi tant d’objets semés de toutes parts,
Du voyageur surpris prend les premiers regards,
Fais briller à jamais, dans ta noble richesse,
La splendeur du saint vœu d’une grande princesse[2]
Et porte un témoignage à la postérité
De sa magnificence et de sa piété ;
Conserve à nos neveux une montre fidèle
Des exquises beautés que tu tiens de son zèle :
Mais défends bien surtout de l’injure des ans
Le chef-d’œuvre fameux de ses riches présents,
Cet éclatant morceau de savante peinture,
Dont elle a couronné ta noble architecture :
C’est le plus bel effet des grands soins qu’elle a pris,
Et ton marbre et ton or ne sont point de ce prix.

Toi qui dans cette coupe, à ton vaste génie

  1. Ce mot de gloire, qui est le titre du poëme de Molière, signifie, en termes de peinture, la représentation du ciel ouvert, avec les personnes divines, les anges, et les bienheureux. Tel est, en effet, le sujet qu’a traité Mignard dans le chef d’œuvre que Molière va célébrer.
    Auger.
  2. Le Val-de-Grâce fut fondé par la reine mère, en accomplissement du vœu qu’elle avait fait de bâtir une magnifique église, si Dieu mettait un terme à la longue stérilité dont elle était affligée, et que fit cesser, après vingt-deux ans, la naissance de Louis XIV.