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240 LE TARTUFFE / ELMIRE. De ce que l’on vous doit envers vous l’on s’acquitte. Mais, ma mère, d’où vient que vous sortez si vite? MADAME PERNELLE. C’est que je ne puis voir tout ce ménage-ci, Et que de me complaire on ne prend nul souci. Oui, je sors de chez vous fort mal édifiée : Dans toutes mes leçons j’y suis contrariée, On n"y respecte rien, chacun y parle haut. Et c’est tout justement la cour du roi Pétaud. DORINE. Si... MADAME PERNELLE. Vous êtes, mamie, une fille suivante Un peu trop forte en gueule, et fort impertinente : Vous vous mêlez sur tout de dire votre avis. DAMIS. Mais... MADAME PERNELLE. Vous êtes un sot, en trois lettres, mon fils; C’est moi qui vous le dis, qui suis votre grand’mère; Et j"ai prédit cent fois à mon fils, votre père, Que vous preniez tout l’air d’un méchant garnement, Et ne lui donneriez jamais que du tourment. MARUNE. Je crois... MADAME PERNELLE. Mon Dieu ! sa sœur, vous faites la discrète. Et vous n’y touchez pas, tant vous semblez doucette; Mais il n’est, comme on dit, pire eau que l’eau qui dort; Et vous menez, sous chape, un train que je hais fort. ELMIRE. Mais, ma mère.... MADAME PERNELLE. Ma bru, qu’il ne vous en déplaise, Votre conduite en tout est tout à fait mauvaise; Vous devriez leur mettre un bon exemple aux yeux, Et leur défunte mère en usait beaucoup mieux. Vous êtes dépensière; et cet élat me blesse, Que vous alliez vêtue ainsi qu’une princesse. Quiconque à son mari veut plaire seulement. Ma bru, n’a pas besoin de tant d’ajustement.