chapeau, sans observer rationem loci, temporis et personae. Quoi ! débuter par un discours mal digéré, au lieu de dire : Salve, vel salvus sis, doctor, doctorum eruditissime. Eh ! pour qui me prends-tu, mon ami ?
Ma foi, excusez-moi, c’est que j’avois l’esprit en écharpe, et je ne songeois pas à ce que je faisois ; mais je sais bien que vous êtes galant homme.
Sais-tu bien d’où vient le mot galant homme ?
Qu’il vienne de Villejuif ou d’Aubervilliers, je ne m’en soucie guère.
Sache que le mot galant homme vient d’élégant : prenant le g et l’a de la dernière syllabe, cela fait ga, et puis, prenant l, ajoutant un a et les deux dernières lettres, cela fait galant, et puis ajoutant homme, cela fait galant homme. Mais, encore, pour qui me prends-tu ?
Je vous prends pour un docteur. Or çà, parlons un peu de l’affaire que je vous veux proposer ; il faut que vous sachiez…
Sache auparavant que je ne suis pas seulement une fois docteur, mais que je suis une, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit, neuf et dix fois docteur : 1o parce que, comme l’unité est la base, le fondement et le premier de tous les nombres, aussi, moi, je suis le premier de tous les docteurs, le docte des doctes ; 2o parce qu’il y a deux facultés nécessaires pour la parfaite connoissance de toutes choses, le sens et l’entendement ; et, comme je suis tout sens et tout entendement, je suis deux fois docteur.
D’accord. C’est que…
3o Parce que le nombre de trois est celui de la perfection, selon Aristote ; et, comme je suis parfait, et que toutes mes productions le sont aussi, je suis trois fois docteur.