Page:Molière - Œuvres complètes, CL, 1888, tome 01.djvu/50

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si méchantes nouvelles ; mais aussi bien les auriez-vous apprises de quelque autre ; et, puisque votre frère est fort malade…

Angélique

Monsieur, ne m’en dites pas davantage ; je suis votre servante, et vous rends grâce de la peine que vous avez prise.

Le Barbouillé

Ma foi, sans aller chez le notaire, voilà le certificat de mon cocuage. Ah, ah ! madame la carogne, je vous trouve avec un homme, après toutes les défenses que je vous ai faites, et vous me voulez envoyer de Gemini en Capricorne[1].

Angélique

Eh bien, faut-il gronder pour cela ? Ce monsieur vient de m’apprendre que mon frère est bien malade : où est le sujet de querelle ?

Cathau

Ah ! Le voilà venu ; je m’étonnois bien si nous aurions longtemps du repos.

Le Barbouillé

Vous vous gâtez, par ma foi, toutes deux, mesdames les carognes : toi, Cathau, tu corromps ma femme ; depuis que tu la sers, elle ne vaut pas la moitié de ce qu’elle valoit.

Cathau

Vraiment oui, vous la baillez bonne.

Angélique

Laisse là cet ivrogne ; ne vois-tu pas qu’il est si soûl qu’il ne sait ce qu’il dit ?


Scène V

Gorgibus, Villebrequin, Angélique, Cathau, le Barbouillé.
Gorgibus

Ne voilà pas encore mon maudit gendre qui querelle ma fille !

Villebrequin

Il faut savoir ce que c’est.

Gorgibus

Eh quoi ! toujours se quereller ! vous n’aurez point la paix dans votre ménage ?

  1. Deux signes du zodiaque.