Page:Molière - Œuvres complètes, CL, 1888, tome 01.djvu/54

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
Le Docteur

Voilà qui est bien commencé : monsieur le docteur, ce mot a quelque chose de doux à l’oreille, quelque chose plein d’emphase : monsieur le docteur !

Le Barbouillé

À la mienne volonté…

Le Docteur

Voilà qui est bien… à la mienne volonté ! La volonté présuppose le souhait, le souhait présuppose des moyens pour arriver à ses fins, et la fin présuppose un objet. Voilà qui est bien… à la mienne volonté !

Le Barbouillé

J’enrage !

Le Docteur

Ôtez-moi ce mot, j’enrage ; voilà un terme bas et populaire.

Le Barbouillé

Eh ! monsieur le docteur, écoutez-moi, de grâce !

Le Docteur

Audi, quæso, auroit dit Cicéron.

Le Barbouillé

Oh ! ma foi, si se rompt, si se casse, ou si se brise, je ne m’en mets guère en peine ; mais tu m’écouteras, ou je te vais casser ton museau doctoral. Eh ! que diable donc est ceci ?

Le Barbouillé, Angélique, Gorgibus, Cathau, Villebrequin, voulant dire la cause de la querelle, et le Docteur disant que la paix est une belle chose, parlent tous à la fois. Au milieu de tout ce bruit, le Barbouillé attache le Docteur par le pied et le fait tomber ; le Docteur se doit laisser tomber sur le dos : le Barbouillé l’entraîne par la corde qu’il lui a attachée au pied, et, pendant qu’il l’entraîne, le Docteur doit toujours parler, et compter par ses doigts toutes ses raisons, comme s’il n’étoit point à terre. ― Le Barbouillé et le Docteur disparoissent.
Gorgibus

Allons, ma fille, retirez-vous chez vous, et vivez bien avec votre mari.

Villebrequin

Adieu, serviteur et bonsoir.

Villebrequin, Gorgibus et Angélique s’en vont.