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Page:Molière - Œuvres complètes, CL, 1888, tome 04.djvu/47

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Amphitryon.

Que me dites-vous là ?

Alcmène.

Que me dites-vous là ? Que même votre amour
Montra de mon accueil une joie incroyable ;
Et que, m’ayant quittée à la pointe du jour,
Je ne vois pas qu’à ce soudain retour
Ma surprise soit si coupable.

Amphitryon.

Est-ce que du retour que j’ai précipité
Un songe, cette nuit, Alcmène, dans votre âme
A prévenu la vérité ?
Et que m’ayant peut-être en dormant bien traité,
Votre cœur se croit vers ma flamme
Assez amplement acquitté ?

Alcmène.

Est-ce qu’une vapeur, par sa malignité,
Amphitryon, a dans votre âme
Du retour d’hier au soir brouillé la vérité ?
Et que du doux accueil duquel je m’acquittai
Votre cœur prétend à ma flamme
Ravir toute l’honnêteté ?

Amphitryon.

Cette vapeur dont vous me régalez
Est un peu, ce me semble, étrange...

Alcmène.

C’est ce qu’on peut donner pour change
Au songe dont vous me parlez.

Amphitryon.

À moins d’un songe, on ne peut pas sans doute
Excuser ce qu’ici votre bouche me dit.

Alcmène.

À moins d’une vapeur qui vous trouble l’esprit,
On ne peut pas sauver ce que de vous j’écoute.

Amphitryon.

Laissons un peu cette vapeur, Alcmène.

Alcmène.

Laissons un peu ce songe, Amphitryon.