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Page:Molière - Œuvres complètes, CL, 1888, tome 04.djvu/69

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Dont quelques imposteurs ont pris droit d’abuser ;
Mais il est hors de sens que sous ces apparences
Un homme pour époux se puisse supposer,
Et dans tous ces rapports sont mille différences
Dont se peut une femme aisément aviser.
Des charmes de la Thessalie
On vante de tout temps les merveilleux effets ;
Mais les contes fameux qui partout en sont faits,
Dans mon esprit toujours ont passé pour folie ;
Et ce serait du sort une étrange rigueur,
Qu’au sortir d’une ample victoire
Je fusse contraint de les croire,
Aux dépens de mon propre honneur.
Je veux la retâter sur ce fâcheux mystère,
Et voir si ce n’est point une vaine chimère
Qui sur ses sens troublés ait su prendre crédit.
Ah ! fasse le Ciel équitable
Que ce penser soit véritable,
Et que pour mon bonheur elle ait perdu l’esprit !




Scène 2


Mercure, Amphitryon.

Mercure, dans le balcon de la maison d’Amphitryon.
Comme l’amour ici ne m’offre aucun plaisir,
Je m’en veux faire au moins qui soient d’autre nature,
Et je vais égayer mon sérieux loisir
À mettre Amphitryon hors de toute mesure.
Cela n’est pas d’un Dieu bien plein de charité ;
Mais aussi n’est-ce pas ce dont je m’inquiète,
Et je me sens par ma planète
À la malice un peu porté.

Amphitryon.

D’où vient donc qu’à cette heure on ferme cette porte ?

Mercure.

Holà ! tout doucement ! Qui frappe ?

Amphitryon.

Holà ! tout doucement ! Qui frappe ? Moi.