Aller au contenu

Page:Molière - Œuvres complètes, CL, 1888, tome 04.djvu/79

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Et que, dans la fureur que ce discours m’inspire,
On me tienne le bras lié ?

Naucratès.

Vous vous plaignez à tort. Permettez-nous d’attendre
L’éclaircissement qui doit rendre
Les ressentiments de saison.
Je ne sais pas s’il impose ;
Mais il parle sur la chose
Comme s’il avait raison.

Amphitryon.

Allez, faibles amis, et flattez l’imposture :
Thèbes en a pour moi de tout autres que vous ;
Et je vais en trouver qui, partageant l’injure,
Sauront prêter la main à mon juste courroux.

Jupiter.

Hé bien ! je les attends, et saurai décider
Le différend en leur présence.

Amphitryon.

Fourbe, tu crois par là peut-être t’évader ;
Mais rien ne te saurait sauver de ma vengeance.

Jupiter.

À ces injurieux propos
Je ne daigne à présent répondre ;
Et tantôt je saurai confondre
Cette fureur, avec deux mots.

Amphitryon.

Le Ciel même, le Ciel ne t’y saurait soustraire,
Et jusques aux enfers j’irai suivre tes pas.

Jupiter.

Il ne sera pas nécessaire,
Et l’on verra tantôt que je ne fuirai pas.

Amphitryon.

Allons, courons, avant que d’avec eux il sorte,
Assembler des amis qui suivent mon courroux,
Et chez moi venons à main forte,
Pour le percer de mille coups.