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Page:Molière - Œuvres complètes, CL, 1888, tome 04.djvu/87

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Jupiter sait dorer la pilule.

Jupiter.

Sors donc des noirs chagrins que ton cœur a soufferts,
Et rends le calme entier à l’ardeur qui te brûle :
Chez toi doit naître un fils qui, sous le nom d’Hercule,
Remplira de ses faits tout le vaste univers.
L’éclat d’une fortune en mille biens féconde
Fera connaître à tous que je suis ton support,
Et je mettrai tout le monde
Au point d’envier ton sort.
Tu peux hardiment te flatter
De ces espérances données ;
C’est un crime que d’en douter :
Les paroles de Jupiter
Sont des arrêts des destinées.

Il se perd dans les nues.

Naucratès.

Certes, je suis ravi de ces marques brillantes.

Sosie.

Messieurs, voulez-vous bien suivre mon sentiment ?
Ne vous embarquez nullement
Dans ces douceurs congratulantes :
C’est un mauvais embarquement,
Et d’une et d’autre part, pour un tel compliment,
Les phrases sont embarrassantes.
Le grand Dieu Jupiter nous fait beaucoup d’honneur,
Et sa bonté sans doute est pour nous sans seconde ;
Il nous promet l’infaillible bonheur
D’une fortune en mille biens féconde,
Et chez nous il doit naître un fils d’un très grand cœur :
Tout cela va le mieux du monde ;
Mais enfin coupons aux discours,
Et que chacun chez soi doucement se retire.
Sur telles affaires, toujours
Le meilleur est de ne riendire.