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Page:Molière - Œuvres complètes, Garnier, 1904, tome 02.djvu/22

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La Princesse se plaît à ses bouffonneries,
Il s’en est fait aimer par cent plaisanteries,
Et peut dans cet accès dire et persuader
Ce que d’autres que lui n’oseraient hasarder ;
Je le vois propre, enfin, à ce que j’en souhaite,
Il a pour moi, dit-il, une amitié parfaite,
Et veut, (dans mes États ayant reçu le jour)
Contre tous mes rivaux appuyer mon amour :
Quelque argent mis en main pour soutenir ce zèle…


Scène 2

Moron, représenté par le sieur de Molière, arrive, et ayant le souvenir d’un furieux sanglier, devant lequel il avait fui à la chasse, demande secours, et rencontrant Euryale et Arbate se met au milieu d’eux pour plus de sûreté, après leur avoir témoigné sa peur, et leur disant cent choses plaisantes sur son peu de bravoure.

Moron, Arbate, Euryale.

Moron, sans être vu.
Au secours ! sauvez-moi de la bête cruelle !

Euryale
Je pense ouïr sa voix ?

Moron, sans être vu.
À moi, de grâce, à moi !

Euryale
C’est lui-même ; où court-il avec un tel effroi ?

Moron
Où pourrai-je éviter ce sanglier redoutable ?
Grands dieux ! préservez-moi de sa dent effroyable.
Je vous promets, pourvu qu’il ne m’attrappe pas,
Quatre livres d’encens, et deux veaux des plus gras.
Ha ! je suis mort !

Euryale
Qu’as-tu ?

Moron
Je vous croyais la bête
Dont à me diffamer j’ai vu la gueule prête,
Seigneur, et je ne puis revenir de ma peur.

Euryale
Qu’est-ce ?

Moron
Ô ! que la Princesse est d’une étrange humeur !
Et qu’à suivre la chasse et ses extravagances
Il nous faut essuyer de sottes complaisances !