Page:Molière - Œuvres complètes, Garnier, 1904, tome 02.djvu/38

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Une chanson à chanter ?

Satyre
Je port…

Moron
Chanson amoureuse, peste.

Satyre

Je portais dans une cage
Deux moineaux que j’avais pris ;
Lorsque la jeune Cloris
Fit dans un sombre bocage
Briller, à mes yeux surpris,
Les fleurs de son beau visage :
Hélas ! dis-je aux moineaux, en recevant les coups,
De ses yeux si savants à faire des conquêtes,
Consolez-vous, pauvres petites bêtes,
Celui qui vous a pris est bien plus pris que vous.


Moron ne fut pas satisfait de cette chanson, quoiqu’il la trouvât jolie, il en demanda une plus passionnée, et priant le satyre de lui dire celle qu’il lui avait ouï chanter quelques jours auparavant, il continua ainsi :

Dans vos chants si doux,
Chantez à ma belle,
Oiseaux, chantez tous
Ma peine mortelle :
Mais si la cruelle
Se met en courroux
Au récit fidèle
Des maux que je sens pour elle ;
Oiseaux, taisez-vous.
Oiseaux, taisez-vous.


Cette seconde chanson ayant touché Moron fort sensiblement, il pria le satyre de la lui apprendre à chanter ; et lui dit :

Moron
Ah qu’elle est belle ! Apprends-la-moi ?

Satyre
La, la, la, la.

Moron
La, la, la, la.

Satyre
Fa, fa, fa, fa.

Moron
Fa toi-même.