colier, et vous n’étiez pas trop bon vous-même pour cette besogne-là.
Maître de musique
Il ne faut pas, Monsieur, que le nom d’écolier vous abuse. Ces sortes d’écoliers en savent autant que les plus grands maîtres, et l’air est aussi beau qu’il s’en puisse faire. Écoutez seulement.
Monsieur Jourdain
Donnez-moi ma robe pour mieux entendre… Attendez, je crois que je serai mieux sans robe… Non ; redonnez-la-moi, cela ira mieux.
Musicien, chantant :
Je languis nuit et jour, et mon mal est extrême,
Depuis qu’à vos rigueurs vos beaux yeux m’ont soumis ;
Si vous traitez ainsi, belle Iris, qui vous aime,
Hélas ! que pourriez-vous faire à vos ennemis ?
Monsieur Jourdain
Cette chanson me semble un peu lugubre, elle endort, et je voudrais que vous la pussiez un peu ragaillardir par-ci, par-là.
Maître de musique
Il faut, Monsieur, que l’air soit accommodé aux paroles.
Monsieur Jourdain
On m’en apprit un tout à fait joli, il y a quelque temps. Attendez… Là… comment est-ce qu’il dit ?
Maître à danser
Par ma foi ! je ne sais.
Monsieur Jourdain
Il y a du mouton dedans.
Maître à danser
Du mouton ?
Monsieur Jourdain
Oui. Ah !
(Monsieur Jourdain chante)
Je croyais Janneton
Aussi douce que belle,
Je croyais Janneton
Plus douce qu’un mouton :
Hélas ! hélas ! elle est cent fois,
Mille fois plus cruelle,
Que n’est le tigre aux bois.
N’est-il pas joli ?
Maître de musique