Page:Molière - L’Avare 1669.djvu/115

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C’est une douce consolation que de voir dans ses intérêts une personne comme vous ; et je vous conjure, madame, de me garder toujours cette généreuse amitié, si capable de m’adoucir les cruautés de la fortune.

Frosine

Vous êtes, par ma foi, de malheureuses gens l’un et l’autre, de ne m’avoir point, avant tout ceci, avertie de votre affaire ! Je vous aurais sans doute détourné cette inquiétude et n’aurais point amené les choses où l’on voit qu’elles sont.

Cléante

Que veux-tu ? c’est ma mauvaise destinée qui l’a voulu ainsi. Mais, belle Mariane, quelles résolutions sont les vôtres ?

Mariane

Hélas ! suis-je en pouvoir de faire des résolutions ? et, dans la dépendance où je me vois, puis-je former que des souhaits ?

Cléante

Point d’autre appui pour moi dans votre cœur que de simples souhaits ? point de pitié officieuse ? point de secourable bonté ? point d’affection agissante ?

Mariane