Page:Molière - L’Avare 1669.djvu/47

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peut représenter que le mariage est une plus grande affaire qu’on ne peut croire ; qu’il y va d’être heureux ou malheureux toute sa vie, et qu’un engagement qui doit durer jusqu’à la mort ne se doit jamais faire qu’avec de grandes précautions.

Harpagon

Sans dot !

Valère

Vous avez raison. Voilà qui décide tout ; cela s’entend. Il y a des gens qui pourraient vous dire qu’en de telles occasions l’inclination d’une fille est une chose sans doute où l’on doit avoir de l’égard, et que cette grande inégalité d’âge, d’humeur et de sentiments, rend un mariage sujet à des accidents fâcheux.

Harpagon

Sans dot !

Valère

Ah ! il n’y a pas de réplique à cela, on le sait bien. Qui diantre peut aller là-contre ? Ce n’est pas qu’il n’y ait quantité de pères qui aimeraient mieux ménager la satisfaction de leurs filles que l’argent qu’ils pourraient donner ; qui ne les voudraient point sacrifier à l’intérêt et chercheraient, plus que toute autre chose, à mettre dans un