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Page:Molière - Monsieur de Pourceaugnac, 1894.djvu/116

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les gens de votre pays, et ils ne sont point plus ravis que de voir pendre un Limosin.

Monsieur de Pourceaugnac
Qu’est-ce que les Limosins leur ont fait ?

Sbrigani
Ce sont des brutaux, ennemis de la gentillesse et du mérite des autres villes. Pour moi, je vous avoue que je suis pour vous dans une peur épouvantable ; et je ne me consolerais de ma vie si vous veniez à être pendu.

Monsieur de Pourceaugnac
Ce n’est pas tant la peur de la mort qui me fait fuir, que de ce qu’il est fâcheux à un gentilhomme d’être pendu, et qu’une preuve comme celle-là ferait tort à nos titres de noblesse.

Sbrigani
Vous avez raison, on vous contesterait après cela le titre d’écuyer. Au reste, étudiez-vous, quand je vous mènerai par la main, à bien marcher comme une femme, et prendre le langage et toutes les manières d’une personne de qualité.

Monsieur de Pourceaugnac
Laissez-moi faire, j’ai vu les personnes du bel air ; tout ce qu’il y a, c’est que j’ai un peu de barbe.

Sbrigani
Votre barbe n’est rien, et il y a des femmes qui en ont autant que vous. Çà, voyons un peu