Page:Molière - Théâtre complet, 1922, tome01.djvu/137

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Ce qu’on voit de succès peut bien persuader
Qu’ils ne sont pas encor fort près de s’accorder,
Et je t’ai déjà dit qu’un cœur comme le nôtre
Ne voudrait pas pour l’un faire injustice à l’autre ;
Et que très fortement, par de différents nœuds,
Je me trouve attachée au parti de tous deux :
Si Lélie a pour lui l’amour et sa puissance,
Andrès pour son partage a la reconnaissance
Qui ne souffrira point que mes pensers secrets
Consultent jamais rien contre ses intérêts.
Oui, s’il ne peut avoir plus de place en mon âme,
Si le don de mon cœur ne couronne sa flamme,
Au moins dois-je ce prix à ce qu’il fait pour moi
De n’en choisir point d’autre au mépris de sa foi,
Et de faire à mes vœux autant de violence
Que j’en fais aux désirs qu’il met en évidence :
Sur ces difficultés qu’oppose mon devoir,
Juge ce que tu peux te permettre d’espoir.

MASCARILLE

Ce sont, à dire vrai, de très fâcheux obstacles,
Et je ne sais point l’art de faire des miracles ;
Mais je vais employer mes efforts plus puissants,
Remuer terre et ciel, m’y prendre de tous sens,
Pour tâcher de trouver un biais salutaire ;
Et vous dirai bientôt ce qui se pourra faire.