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Page:Molière - Théâtre complet, 1922, tome01.djvu/16

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aux villes, la concurrence des troupes rivales et l’hostilité des gens qui jugeaient le métier d’acteur scandaleux. Parmi ses compagnons, il compta entre autres Madeleine Béjart, amie habile et dévouée, ses frères Louis et Joseph Béjart, et sa sœur Geneviève, l’auteur dramatique Nicolas Desfontaines, l’instituteur Georget Pinel, le pâtissier Ragueneau, et Marquise — Thérèse de Gorla, qui devint célèbre sous le nom de son mari Du Parc, et qui ne passe encore pour belle qu’autant que Corneille l’a dit. En 1652, Molière est chef de troupe. Il s’est acquis déjà « une fort grande réputation ». Il fixe, si l’on peut dire, son quartier général à Lyon, qu’il quittera fréquemment pour aller jouer à Vienne, à Dijon, à Avignon, à Grenoble, ou pour donner des représentations lors des sessions des États du Languedoc, à Montpellier, à Pézenas ou à Béziers. C’est pendant l’un de ces séjours à Lyon que Molière donna la première représentation de l’Etourdi. Quelques-uns la placent en 1653. La date de 1655 paraît mieux établie.

Déjà Molière avait été amené à composer lui-même une partie de son répertoire. Il avait fait des farces, dont il nous est parvenu des rédactions, comme la Jalousie du Barbouillé et le Médecin volant, ou dont nous ne connaissons que le titre, comme Gorgibus dans le sac, le Docteur amoureux ou le Fagoteux . Il se devait d’aborder un jour la comédie littéraire, fondée sur une savante intrigue, développée en cinq actes, écrite en vers, telle que l’avaient mise à la mode les pièces de Rotrou, de Boisrobert, et qu’on avait imitée de l’Espagne et de l’Italie. « Les comédies, dit Voltaire dans son Sommaire de l’Étourdi, n’étaient alors que des tissus d’aventures singulières, où