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Scène 5

Gros-René, Marinette, Éraste

Marinette

Je viens vous avertir que tantôt, sur le soir,
Ma maîtresse au jardin vous permet de la voir.

Éraste

Oses-tu me parler, âme double et traîtresse ?
Va, sors de ma présence, et dis à ta maîtresse
Qu’avecque ses écrits elle me laisse en paix,
Et que voilà l’état, infâme, que j’en fais.

(Il déchire la lettre.)

Marinette

Gros-René, dis-moi donc quelle mouche le pique.

Gros-René

M’oses-tu bien encor parler ? femelle inique,
Crocodile trompeur, de qui le cœur félon
Est pire qu’un satrape ou bien qu’un Lestrigon !
Va, va rendre réponse à ta bonne maîtresse,
Et lui dis bien et beau que, malgré sa souplesse,
Nous ne sommes plus sots, ni mon maître ni moi,
Et désormais qu’elle aille au diable avecque toi.

Marinette, seule

Ma pauvre Marinette, est-tu bien éveillée ?
De quel démon est donc leur âme travaillée ?
Quoi ! faire un tel accueil à nos soins obligeants !
Oh ! que ceci chez nous va surprendre les gens !