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LÉLIE

Ma foi, tu me fais tort avec cette invective ;
Mais, enfin, discourons un peu de ma captive :
Dis si les plus cruels et plus durs sentiments
Ont rien d’impénétrable à des traits si charmants.
Pour moi, dans ses discours comme dans son visage,
Je vois pour sa naissance un noble témoignage,
Et je crois que le ciel dedans un rang si bas
Cache son origine, et ne l’en tire pas.

MASCARILLE

Vous êtes romanesque avecque vos chimères ;
Mais que fera Pandolfe en toutes ces affaires ?
C’est, Monsieur, votre père, au moins à ce qu’il dit ;
Vous savez que sa bile assez souvent s’aigrit,
Qu’il peste contre vous d’une belle manière
Quand vos déportements lui blessent la visière ;
Il est avec Anselme en parole pour vous
Que de son Hippolyte on vous fera l’époux,
S’imaginant que c’est dans le seul mariage
Qu’il pourra rencontrer de quoi vous faire sage.
Et s’il vient à savoir que, rebutant son choix,
D’un objet inconnu vous recevez les lois,
Que de ce fol amour la fatale puissance
Vous soustrait au devoir de votre obéissance,
Dieu sait quelle tempête alors éclatera,
Et de quels beaux sermons on vous régalera.

LÉLIE

Ah ! trêve, je vous prie, à votre rhétorique.

MASCARILLE

Mais vous, trêve plutôt à votre politique ;
Elle n’est pas fort bonne ; et devriez tâcher…