Page:Molière - Théâtre complet, 1922, tome01.djvu/34

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J’ai crainte ici dessous de quelque manigance.
(À Célie.)
Rentrez, et ne prenez jamais cette licence ;
Et vous, filous fieffés, ou je me trompe fort,
Mettez pour me jouer vos flûtes mieux d’accord.

MASCARILLE

C’est bien fait ; je voudrais qu’encor, sans flatterie,
Il nous eût d’un bâton chargés de compagnie.
À quoi bon se montrer, et comme un étourdi
Me venir démentir de tout ce que je dis ?

LÉLIE

Je pensais faire bien.

MASCARILLE

Je pensais faire bien. Oui, c’était fort l’entendre.
Mais quoi, cette action ne me doit point surprendre :
Vous êtes si fertile en pareils contretemps
Que vos écarts d’esprit n’étonnent plus les gens.

LÉLIE

Ah ! mon Dieu, pour un rien me voilà bien coupable ;
Le mal est-il si grand qu’il soit irréparable ?
Enfin, si tu ne mets Célie entre mes mains,
Songe au moins de Léandre à rompre les desseins ;
Qu’il ne puisse acheter avant moi cette belle.
De peur que ma présence encor soit criminelle,
Je te laisse.

MASCARILLE

Je te laisse. Fort bien. À dire vrai, l’argent
Serait dans notre affaire un sûr et fort agent ;
Mais ce ressort manquant, il faut user d’un autre.