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Page:Molière - Théâtre complet, 1922, tome01.djvu/80

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Et quoi qu’un maître ait fait pour te faire enrager,
Achève pour ta gloire, et non pour l’obliger.
Mais quoi ! que feras-tu que de l’eau toute claire,
Traversé sans repos par ce démon contraire ?
Tu vois qu’à chaque instant il te fait déchanter,
Et que c’est battre l’eau de prétendre arrêter
Ce torrent effréné qui de tes artifices
Renverse en un moment les plus beaux édifices.
Eh bien, pour toute grâce, encore un coup du moins,
Au hasard du succès sacrifions des soins ;
Et, s’il poursuit encore à rompre notre chance,
J’y consens, ôtons-lui toute notre assistance.
Cependant notre affaire encor n’irait pas mal,
Si par là nous pouvions perdre notre rival,
Et que Léandre enfin, lassé de sa poursuite,
Nous laissât jour entier pour ce que je médite.
Oui, je roule en ma tête un trait ingénieux,
Dont je promettrais bien un succès glorieux,
Si je puis n’avoir plus cet obstacle à combattre :
Bon, voyons si son feu se rend opiniâtre.


Scène II

LÉANDRE, MASCARILLE
MASCARILLE

Monsieur, j’ai perdu temps ; votre homme se dédit.

LÉANDRE

De la chose lui-même il m’a fait un récit ;