Et sans un mal de cœur sçauroit-on l’écouter ?
Qu’a donc le mariage en soy qui vous oblige,
Ma Sœur…
Ah mon Dieu, fy.
Comment ?
Ne concevez-vous point ce que, dés qu’on l’entend,
Un tel mot à l’Esprit offre de dégoûtant ?
De quelle étrange image on est par luy blessée ?
Sur quelle sale veuë il traisne la pensée ?
N’en frissonnez-vous point ? & pouvez-vous, ma Sœur,
Aux suites de ce mot résoudre vostre cœur ?
Les suites de ce mot, quand je les envisage,
Me font voir un mary, des Enfans, un Ménage ;
Et je ne voy rien là, si j’en puis raisonner,
Qui blesse la pensée, & fasse frissonner.
De tels attachemens, ô Ciel ! sont pour vous plaire ?
Et qu’est-ce qu’à mon âge on a de mieux à faire,
Que d’attacher à soy, par le titre d’Épous,
Un Homme qui vous aime, & soit aimé de vous ;
Et de cette union de tendresse suivie,
Se faire les douceurs d’une innocente vie ?
Ce nœud bien assorty n’a-t-il pas des appas ?
Mon Dieu, que votre Esprit est d’un étage bas !