Page:Momas (Fuckwell), Débauchées précoces, 1900.djvu/25

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— Vous avez faim, demanda-t-il ?

— Quelle bêtise ! Parce que je pelle une orange ? Non, monsieur, je suis gourmande et j’aime ce fruit.

— Gourmande de fruit !

Il déposa son journal et la rejoignit, pour la regarder de plus près, sans la déranger dans son importante occupation.

Elle avait le visage et l’attitude d’une femme arrêtée dans sa croissance ; mais les détails de la physionomie révélaient l’enfant, l’enfant qui n’est plus innocente et qui s’étudie à encourager le vice.

Les lèvres dessinaient des plis de moquerie et de câlinerie, qui se succédaient rapidement, les narines se dilataient comme à l’approche d’un désir sûr d’atteindre sa satisfaction ; et les yeux, oh les yeux, ils jouaient sous les cils avec les paupières et faisaient un poème de toute la tête.

Des instincts de brutalité harcelaient Célestin, il se sentait enveloppé d’un fluide extraordinaire qui le soudait à ce corps d’enfant !

Il avait cru aimer d’amour à son ado-