Page:Momas - Association de demi-vierges, tome 2.djvu/17

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m’avait conquise plus que je ne le saurais exprimer, même maintenant où je connais tant de choses. C’était à une récréation, je venais de sauter à la corde, malgré mes quatorze ans, j’étais toute rouge par la chaleur, et je cherchais dans ma poche un mouchoir pour m’essuyer le front. Je n’en trouvais pas. Claire passait, elle comprit mon ennui, elle m’offrit le sien et me dit : « Sers t’en, Balbyne, et rends-le-moi de suite après, que je le baise ! » Heureusement que j’étais déjà rouge, sans quoi cette phrase en pleine cour, m’eût fait devenir cramoisie… de plaisir. Claire était réputée comme inspirant des passions à toutes, elle éblouissait avec ses grands cheveux blonds dorés, ses yeux de feu, sa peau blanche, blanche, à nous jeter de la jalousie dans l’âme à toutes. Je pris le mouchoir, m’essuyai, et le lui rendis, en disant : « Pourquoi baiser ma sueur ? — Pour aspirer ton parfum, répondit-elle. — Bah, il est comme celui des autres ». Elle avait baisé, et me repassant le mouchoir, elle dit : « Tu me donneras un des tiens en échange, garde celui-là en souvenir de mon baiser, il te parlera de moi ».