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LIVRE I, CHAP. V

d’importance pratique est suffisamment démontré par le fait même qu’elle ne s’est jamais, quant au nombre, pleinement réalisée. Ni la tradition, ni les vraisemblances n’indiquent que chaque maison a toujours fourni son fantassin, et chaque gens, son cavalier et son sénateur. Les 3.000 fantassins, les 300 cavaliers étaient bien requis, et devaient être fournis par les unes et les autres, en bloc : mais la répartition s’en fit, de bonne heure, on n’en peut douter, selon les circonstances du moment. Le nombre normal et typique fut uniquement maintenu, grâce à cet esprit de logique inflexible et géométrique qui caractérise les Latins. Disons-le donc une dernière fois, la curie est le seul organe resté réellement debout dans tout cet antique mécanisme : elle est décuple dans la cité, ou, s’il y a plusieurs tribus dans celle-ci, elle est décuple dans chaque tribu. Elle est la véritable unité d’association ; elle est un corps constitué, dont tous les membres se réunissent au moins pour les fêtes communes : elle a son curateur (curio), et son prêtre spécial (flamen curialis, le flamine curial). Le recrutement, les taxes se lèvent par curies : c’est par curies que les citoyens se rassemblent et émettent leurs votes. Et pourtant elles n’ont point été créées en vue du vote, autrement leur classification se fût faite, à coup sûr, par nombres impairs.

Égalité civile.Si tranchée que fut la séparation entre les citoyens et les non-citoyens, chez les premiers par contre, l’égalité

    jours, toute la famille, comptant souvent de cinquante à cent têtes, habite le même toit, sous les ordres d’un chef (goszpod’ar) que tous les membres ont élu à vie. Ce père de famille administre le patrimoine commun, lequel consiste surtout en bétail ; l’excédant des produits est distribué entre les diverses lignes. Les bénéfices particuliers dus à l’industrie et au commerce restent à ceux qui les font. D’ailleurs, on peut quitter la maison : un homme en sort, par exemple, pour aller se marier dans une autre communauté (Czaplovics, Slavonien, I. 106, 179.). L’organisation de l’Esclavonie semble avoir beaucoup de rapports avec les antiques institutions domestiques de Rome : la maison constitue une sorte de commune ; et l’on comprend très bien l’association d’un nombre déterminé de ces maisons. L’ancienne adrogation trouve aussi sa place dans ce système.