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LIVRE I, CHAP. XII

ssant sa lance, protégeant les troupeaux, et combattant pour la cité dont il terrasse les ennemis. Mais chacune des autres cités italiques a aussi son dieu Mars ; elle le tient pour le plus fort et le plus saint ; et, quand le printemps sacré (ver sacrum) se lève, quand une bande d’émigrants s’en va fonder une nouvelle ville, elle part sous la protection du Mars local. C’est à lui qu’appartient le premier mois sur les tables de l’annuaire romain : seul parmi les dieux, il y figure, comme aussi sans doute dans la nomenclature mensuelle des Latins et des peuples Sabelliques. Seul encore nous le retrouvons, et cela dès les plus anciens temps, dans la plupart des noms propres des citoyens (sic, les Marcus, les Mamercus, les Manurius). Mars et son oiseau favori, le pic, jouent un rôle dans la plus vieille des prophéties italiques : le loup, qui lui est également consacré, est l’animal distinctif de la bourgeoisie de Rome ; et quand les imaginations locales s’essayent à balbutier quelques légendes touchant les origines saintes de la cité, c’est encore au dieu Mars qu’elles se rattachent, ou à Quirinus, qui n’est guère que sa doublure. Aussi les plus anciens sacerdoces publics lui appartiennent. Citons, d’abord, le prêtre nommé à vie du Dieu de la cité, le flamen Martialis, l’« allumeur de l’autel de Mars », ainsi nommé parce que c’est lui qui brûle la victime : les douze sauteurs ou Saliens (salii), cette troupe de jeunes gens, qui dansent et chantent au mois de Mars la danse des armes, en l’honneur de leur divinité. Quand la ville des collines se fondit avec la cité Palatine, le Mars Romain se dédoubla : il y eut un second flamine, le flamine quirinal (flamen Quirinalis) et une seconde confrérie de danseurs, les saliens des collines (salii collini). Nous avons déjà noté ce fait (p. 112).

D’autres cultes encore se pratiquaient dans la Rome primitive, antérieurs sans doute, pour la plupart de leurs