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LIVRE I, CHAP. XIII

provenance égyptienne, à en juger par la matière, le style et les hiéroglyphes gravés sur leurs parois ; des vases à parfums en albâtre oriental, dont plusieurs reproduisent la figure de la déesse Isis ; des œufs d’autruche peints ou sculptés, portant des sphinx, ou des griffons ; et enfin des perles de verroteries ou d’ambre jaune. Ces dernières peuvent être venues du Nord au travers du continent ; mais, par tous les autres objets que nous venons d’énumérer, l’on voit que l’Orient fournissait à l’Italie des parfums et des ornements divers, comme c’est l’Orient aussi qui envoyait la toile et la pourpre, l’ivoire et l’encens, qui servirent de bonne heure pour les bandelettes, les habits royaux écarlates, les sceptres et les feux des sacrifices. Leur nom même atteste l’emprunt (λίνον, linum ; πορφύρα, purpura ; σκῆπτρον, σχίπων, scipio, et même ἐλέφας, burg ; θύος, thus). C’est aussi par des dénominations importées de Grèce que les Latins désignent les marchandises d’airain, les vases, boissons, etc. Citons l’huile, dont nous avons parlé plus haut (v. p.254, à la note) ; l’amphore (ἀμφορεύς, amp[h]ora, ampulla) ; la coupe (ϰρατήρ, cratera) ; la débauche de table (ϰωμάζω, commissari) ; les mets (ὸψώνιον, obsonium) ; la pâte (μᾶζα, massa) ; et d’autres noms de comestibles encore (γλυκοῦς, lucuns ; πλαϰοῦς, placenta ; τυροῦς, turunda). Par contre, certains noms latins (patina, πατάνη, le plat ; arvina, ἀρβίνη, la graisse) ont trouvé accès dans l’idiome grec de la Sicile. L’usage pratiqué plus tard de placer dans les caveaux mortuaires des vases splendides venus de l’Attique ou de Corcyre, témoignent, à côté des emprunts linguistiques, de l’importation fort ancienne des poteries grecques en Italie. Nous savons que les Latins employaient principalement le cuir dans leurs armures : le mot grec qui désigne ce produit industriel (σϰῦτος) devient le scutum (bouclier) des Latins comme lorica (cuirasse) provient de lorum (lanière).