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L’AGRICULTURE, L’INDUSTRIE ET LE COMMERCE

faisait tout ce négoce, soit par les traitants italiens allant à l’étranger, soit plutôt par les marchands étrangers venus en Italie : nous répondrons qu’en ce qui concerne le Latium, nous penchons pour le premier système. On ne saurait autrement comprendre la réception, dans le dialecte usuel des peuples de Sicile, de tous les mots qui désignent l’équivalent monétaire latin et le prêt commercial. Une telle migration eût-elle été possible, si les marchands siciliens ne fussent venus à Ostie que pour y recevoir du cuivre en échange des bijoux qu’ils apportaient ?

En ce qui touche l’état des classes et des personnes s’occupant du négoce, il est remarquable que le haut commerce de Rome ne s’est jamais constitué en caste indépendante en face de la propriété foncière : mais ce n’est là qu’une anomalie facile à expliquer. Le grand commerce, en effet, est toujours resté dans la main des grands propriétaires. Placés sur un sol découpé par plusieurs rivières alors navigables, payés en nature seulement par leurs redevanciers, ceux-ci bientôt, la nature des choses et les monuments du temps l’attestent, ont su se procurer une flottille ; et, possédant ainsi les fruits à exporter et les moyens de transport, ils se sont directement adonnés aux affaires maritimes. Les premiers Romains n’ont point connu les aristocraties rivales de la terre et de l’argent ; et les grands domainiers chez eux furent aussi les grands spéculateurs et les capitalistes. Si le commerce eût été fort étendu, c’eût été chose impossible que de réunir les deux professions ; mais, qu’on ne l’oublie pas, elles n’avaient alors qu’une importance re-

    tions avec les Araméens. Nous en dirons autant du mot thesaurus, qui a été une énigme pour les philologues : grec pur ou vocable pris par les Grecs aux Phéniciens ou aux Perses, c’est aux Grecs que les Latins l’ont pris à leur tour, ce qu’atteste la persistance de l’aspirée th. (V. supra, ce que nous avons dit des influences orientales).