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POIDS ET MESURES ET ÉCRITURE

l’Apennin, mais elle prend droit de cité chez tous les peuples sabelliques, et même chez les Ombriens. Puis, plus tard, l’alphabet réformé suit sa voie séparément chez les diverses races, chez les Étrusques de l’Arno et de Capoue, chez les Ombriens et les Samnites, perdant en tout ou partie les lettres médianes, et créant ailleurs des voyelles ou des consonnes nouvelles. L’époque de la réforme tusco-occidentale est d’ailleurs fort reculée, beaucoup plus ancienne même que la construction des plus anciens caveaux funéraires de l’Étrurie. Le syllabaire inscrit sur le vase dont on a parlé plus haut offre déjà le type remanié, mais avec des modifications essentielles et des innovations d’un caractère plus moderne. Et comme ce type lui-même est relativement jeune par rapport à l’alphabet primitif, la pensée a peine, en vérité, à remonter jusqu’à l’époque de son importation.

Tandis que les Étrusques propageaient leur alphabet au nord, à l’est et au sud de la Péninsule : celui des Latins ne franchissait pas les limites de leur pays, où, d’ailleurs, il se maintint à peu près sans variations. Mais un jour vint où le γ et le ϰ, le ζ et le σ se prononçant de même, l’un des deux signes homophones (le ϰ et le ζ) disparut aussi de l’écriture. Il est certain, du moins, qu’à l’époque de la publication de la loi des XII Tables, les deux lettres en question n’avaient plus cours. Maintenant, si l’on veut bien étudier les abréviations des inscriptions les plus anciennes, où les γ et les с, les ϰ et les k sont encore parfaitement distincts[1] ; si l’on accorde que l’époque où ces lettres se sont confondues dans le langage, et qu’antérieurement, l’époque

  1. [On y trouve à la fois C (Gaïus) et GN (Gnaeus) ; mais le K reste dans Kœso. Naturellement cette remarque ne s’applique pas aux abréviations de date plus moderne : le γ n’y est plus représenté par le C, mais par un G (GAL., Galeria) ; le ϰ est régulièrement indiqué par un C (C. centum, COS. consul, COL. collina) ; et devant l’A très-souvent par un K (KAR., karmentalia ; MERK., merkatus.)]