Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 1.djvu/311

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
291
POIDS ET MESURES ET ÉCRITURE

qu’une copie transcrite au lendemain de l’incendie des Gaulois et d’après un exemplaire appartenant aux Latins ; car il parait difficile d’admettre qu’au temps des rois on gravât déjà sur le métal. Alors on inscrivait à la pointe (exarare, scribere non éloigné de scrobes[1]), où l’on peignait (linere, d’où littera) sur des feuilles (folium), sur une écorce (liber), sur des tablettes de bois (tabula, album), puis plus tard sur le cuir et la toile. Les titres sacrés des Samnites, ceux des prêtres d’Anagni étaient écrits sur des rouleaux de toile. Il en était de même des listes des plus anciens magistrats de Rome, déposées dans le temple de la Juno moneta[2] (déesse qui avertit) sur le Capitole. Est-il besoin de rappeler aussi l’antique circonscription allotie au bétail envoyé dans les pâtures (scriptura) ; les mots d’invocation par lesquels commence tout discours adressé au sénat (patres conscripti), les vieux livres des oracles, les registres généalogiques, et enfin les anciens calendriers de Rome et d’Albe. La tradition, dès le temps de l’expulsion des rois, parle des loges du forum, où les fils et les filles des notables allaient apprendre à lire et à écrire. C’est là une fable, peut-être, mais ce n’en est point une nécessairement. Si les antiquités de l’histoire romaine nous échappent, ce n’est ni à l’absence de l’écriture, ni à celle des documents qu’il convient peut-être de s’en prendre. Il faut accuser les historiens qui, lorsqu’ils reçurent la mission de fouiller les annales de Rome, se montrèrent absolument incapables d’en dépouiller les archives et qui prirent la tradition à rebours ; y allant chercher

  1. De même, le vieux mot saxon writan (reissen, déchirer, tracer, en allem.) a plus tard signifié écrire. [Il se retrouve dans le mot to write des Anglais.]
  2. [V. vo moneta, au Dict. de Freund, et Preller, Myh., p. 252 — Atque etiam scriptum a multis est, quum terræ motus factus esset, ut sue plena procuratio fieret, vocem ad æde Junonis ex arce extitisse, quocirca Junonem illam appelatam monetam. Cicéron, Divin., 1, 45, 101.