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LIVRE I, CHAP. XV

artistique des Toscans : toutefois, les meilleurs de ces bronzes, plus tard tant estimés des connaisseurs, semblent appartenir à ces temps reculés. Les terres cuites se fabriquaient aussi avec quelque succès, puisque les ornements les plus anciens en ce genre qui aient été placés dans les temples romains, les statues du Jupiter Capitolin, le quadrige érigé sur le toit de son sanctuaire, avaient été commandés à Véies ; et que, de même, les grandes antéfixes des toitures des autres temples s’appelèrent plus tard : « travail toscan ». Il n’en était point ainsi chez les peuples de l’Italie propre, chez les Sabelliens et même chez les Latins. Là, la sculpture et le dessin n’existaient pour ainsi dire point encore. Toute œuvre d’art de quelque importance qui s’y pouvait trouver, était venue de l’étranger. Nous avons cité Véies et ses argiles cuites : les fouilles les plus récentes ont mis au jour des bronzes fondus en Étrurie, portant des inscriptions étrusques, et qui, s’ils n’étaient pas encore en faveur dans tout le Latium, trouvaient du moins un marché facile à Prœneste. La statue de Diane, dans le temple romain fédéral de l’Aventin, passa longtemps pour la plus vieille de Rome[1]. Elle ressemblait exactement à l’Artémis (ou Diane Éphésiaque) de Massalie, et sans doute, avait été apportée ou de cette ville ou d’Eléa[2]. Si l’on ne rencontrait pas dans Rome, en ces mêmes temps, les corporations des potiers, des ouvriers en cuivre et des orfèvres (p. 260), on pourrait douter qu’elle

  1. Varron affirme (Augustin, de civit. Dei, iv, 31 ; v. aussi Plutarch., Numa, 8) que les Romans ont adoré les dieux durant cent soixante-dix ans, sans leur élever de statues. Son assertion se réfère évidemment à l’image de bois dont nous parlons dans le texte. Elle ne fut effectivement dédiée et consacrée qu’entre les années 578-535 av. J.-C.176 et 219, selon la chronologie conventionnelle des Romains ; et elle était aussi, sans contredit, la plus vieille statue dont la dédicace se trouvât mentionnée dans les documents que l’illustre antiquaire romain avait eus à sa disposition.
  2. [En Lucanie, auj. Castellamare della Bruca.]