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PREMIERS ÉTABLISSEMENTS

alors acceptée, de la parenté de race entre les Sicules, dont il existait encore quelques-uns en Italie, au temps de Thucydide[1], et les Latins. Que si, dans certains dialectes grecs de la Sicile, on rencontre en grand nombre des idiotismes quasi-latins, ceux-ci ne tiennent pas non plus le moins du monde à une prétendue communauté de langue entre les Latins et les Sicules ; ils sont tout simplement le résultat de rapports commerciaux anciens entre Rome et la Grèce sicilienne. Nous croyons d’ailleurs volontiers que la famille latine a occupé, dans les temps tout à fait reculés, le Latium, la Campanie, la Lucanie, l’Italie propre entre les golfes de Tarente et de Laüs[2], et même la moitié orientale de la Sicile.

Le sort de toutes ces races a beaucoup varié. Celles qui avaient émigré en Sicile, dans la Grande-Grèce et en Campanie, se trouvèrent en contact avec les Hellènes à une époque où elles durent subir leur civilisation sans aucune résistance possible : elles furent, ou complétement grécisées, comme en Sicile, ou grandement affaiblies et mises hors d’état de lutter utilement contre l’invasion des peuplades samnites, plus jeunes et plus vigoureuses. Les Sicules, les Itales et les Morgètes, pas plus que les Ausones, n’ont donc joué aucun rôle dans l’histoire de la Péninsule.

Il en fut tout autrement du Latium, où nulle colonie grecque ne s’était fondée : là, les habitants surent, après de longs combats, repousser l’invasion des Sabins et de leurs voisins du Nord. Jetons un coup d’œil sur cette petite contrée, dont le peuple a, plus que nul autre, influé sur les destinées du monde.

Le Latium.À une époque reculée, la plaine du Latium a été le théâtre de bouleversements géologiques formidables. Les lentes formations neptuniennes, les éruptions plutonien-

  1. [Thucyd., liv. VI, c. II.]
  2. [Baie de Policastro.]