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Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 1.djvu/80

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LIVRE I, CHAPITRE IV

sible par trois. Combien d’erreurs et d’absurdités ont été d’ailleurs entassées dans les livres à l’occasion du triple élément de la cité romaine ? Il est le point de départ de la critique inintelligente qui a voulu faire sortir la nation romaine d’un mélange d’hommes accourus de divers côtés, ou qui, ailleurs, s’efforce de représenter les trois grandes races italiques comme ayant fourni chacune son contingent à la Rome primitive. Le peuple romain, à un tel compte, ce peuple qui fut exclusif entre tous, qui a façonné à lui seul sa langue, sa constitution et sa religion, ne serait plus qu’un informe ramas de débris étrusques, sabins, helléniques ou même pélasgiques ! Laissons de côté toutes ces hypothèses fondées sur le vide, ou contraires au bon sens, et disons en peu de mots tout ce que l’on peut savoir de l’origine des peuplades qui ont constitué la cité romaine.

Les Romains étaient latins : cela ne peut faire un doute ; ils ont donné leur nom à la cité romaine nouvelle ; ils ont essentiellement contribué à fixer la nationalité formée de l’union de ses divers membres. Des Lucères il est difficile de dire quelque chose. Rien d’ailleurs ne défend de voir aussi en eux une peuplade latine. Quant à la seconde tribu, celle des Titiens, les traditions sont unanimes à leur assigner la Sabinie pour lieu d’extraction. L’une de ces traditions, source de toutes les autres peut-être, appartenait à la confrérie appelée aussi Titienne[1], laquelle aurait été fondée à l’occasion même de l’entrée des Titiens dans la cité, et en vue d’assurer la conservation des rites sabins qu’ils avaient apportés avec eux. Il est donc présumable qu’à une époque reculée, alors que les races latines et sabelliques n’étaient point encore aussi fortement séparées par la langue et les

  1. [Sodales Titii, institués par Tatius, dit TACITE, retinendis Sabinorum sacris. (Annal. 2, 54.— Varr. I, I, V, 85.) — V. Preller, Rœm. Mythologie, au mot Sodales Titii.]