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Page:Mommsen - Histoire romaine - Tome 1.djvu/84

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LIVRE I, CHAPITRE IV

cette enceinte. À l’est encore, on rencontrait, à six lieues, les cités puissantes de Tusculum et d’Albe ; de ce côté, le territoire n’a pas dû aller au delà de la fossa Cluiliana (à deux lieues). À l’ouest, la frontière était à la sixième borne milliaire, entre Rome et Lavinium. Mais pendant qu’il est ainsi renfermé dans des frontières étroites, du côté de la terre, le domaine primitif de la ville s’étend, sans obstacle, le long des rives du Tibre, en allant vers la mer. Entre Rome et la côte, on n’a jamais connu ni une cité antique quelconque, ni une localité, ni une limite de bourgade indépendante. La légende, qui sait toutes les origines à sa manière, raconte comment le roi Romulus a enlevé aux Véiens les possessions romaines de la rive droite, les sept bourgs (septem pagi) et les salines importantes placées à l’embouchure du Tibre ; comment le roi Ancus a fortifié la tête de pont, le mont Janus (ou Janicule) sur la rive droite, et a construit, sur la rive gauche, le Pirée romain, le port et la cité commandant les bouches du fleuve (Ostia). Les campagnes longeant la rive étrusque ont tout d’abord, on le voit, appartenu à Rome : ce que rien ne démontre mieux que l’existence d’un sanctuaire consacré dans un temps reculé de la bonne déesse (Dea Dia[1]), et placé à la hauteur de la quatrième borne milliaire sur la route plus tard construite pour aller au port (via portuese). Là se célébraient les grandes fêtes de l’Agriculture, et les processions des frères Arvales. Là vivait, de temps immémorial, la gens Romilia, la plus illustre entre toutes les familles romaines. Le Janicule fit donc originairement partie de la ville, et Ostie fut sa colonie, son faubourg, allais-je dire. Qu’on ne croie pas que le hasard a été pour quelque chose dans toutes ces créations. Le Tibre était

  1. [V. sur la Dea Dia et ses rites, comme aussi sur le lucus à elle dédié, Preller, Rœm. Myth. p.425 et s.]