traire, vise tout d’abord à la destruction des classes moyennes, et surtout de la moyenne et petite propriété foncière : elle s’efforce d’accroître d’un côté la suprématie des grands propriétaires et des capitalistes, de l’autre, elle prépare la multiplication des prolétaires attachés à la glèbe.
Puissance croissante des capitalistes.L’abaissement des tarifs des ports, mesure populaire d’ailleurs, avait surtout en vue l’intérêt du grand commerce ; mais le système de l’administration indirecte des finances contribua bien plus encore à l’agrandissement de la puissance du capital. Il serait difficile de dire sur quelles bases reposait au fond ce système. Remontait-il jusqu’au temps des rois ? Peu importe. À dater des consuls, les mutations rapides dans les magistratures, les attributions financières du caissier d’État étendues à de nombreuses affaires, telles que l’achat et la revente des grains et du sel, ont aussi pour résultat d’augmenter l’importance et l’activité de tous les intermédiaires ; et l’on assiste alors aux débuts des fermages publics, dont les progrès ont été si féconds en résultats et si fâcheux en même temps. Peu à peu, l’on verra l’État abandonner ses recettes indirectes, toutes ses dépenses, toutes ses opérations plus compliquées, à des middlemen[1], qui, pour une somme nette et moindre, donnée ou reçue, administreront à leur propre compte. Agir ainsi, c’était ouvrir aussitôt la porte aux grands capitalistes ; et comme l’État, d’ailleurs, voulait avoir ses sûretés, il faisait naturellement appel au concours des grands propriétaires, à l’exclusion de tous autres. Ils constituèrent bientôt une classe de fermiers d’impôts et de fournisseurs, croissant tous les jours en nombre et en fabuleuse opulence ;
- ↑ [Nom donné en Irlande aux entrepreneurs de culture, qui, louent en bloc les grands domaines à prix ferme, et les sous-louent aux petits fermiers qu’ils rançonnent. Pour rendre plus exactement le mot allemand Mittelmœnner, j’ai cru pouvoir emprunter ce nom à nos voisins d’outre-Manche.]